Parti pris de mise en scène
Qui sont Gisou, Proutto et Aba ? Sont-ils vraiment trois êtres
distincts isolés sur une île déserte ou des parties
inavouables de moi-même qui émergent grotesquement quand
je m’y attends le moins ?
Placez en arrière plan imaginaire quelques unes des mains, des
bras, des jambes, des sexes, dessinés par Roland Topor, qui boivent,
mangent, défèquent, font l’amour, se tuent et meurent
sans que votre tête puisse les diriger. Bizarre tout cet univers
qui me tombe dessus au même moment et résonne jusqu’à
révéler une évidence : cette histoire me concerne,
elle est écrite pour la marionnette. Topor continue d’envoyer
de loin ses messages comme pour m’obliger à rechercher
la bonne distance avec les autres. Et la marionnette, finalement, elle
aussi cherche sans cesse à défendre son exigence d’autonomie,
sans jamais pouvoir rompre ni renier tout à fait sa relation
privilégiée avec le marionnettiste.
Alors reviennent les mots qu’il m’avait adressés
:
« A toi de jouer petite marionnette sans fil ! »
Elzbieta Jeznach |